Christophe KEIP - Lot 2

Lot 2
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Estimation :
3500 - 3900 EUR
Christophe KEIP - Lot 2
Christophe KEIP Solène et Alexis Date:Janvier 2021 Taille:120x150cm Technique: Impression Directe sur Dibond, puis vernis. Numérotation: Epreuve d'artiste 1/2. Accompagné de son NFT. Solène écrit: "Janvier 2021. Nous étions nombreux à attendre cette nouvelle année comme la promesse utopique de meilleurs lendemains. Depuis des mois nous nous battions pour conserver l’élan, l’envie de créer, le lien, ce lien à l’autre qui est l’essence de nos métiers artistiques, ce lien que la crise avait tant altéré. Alexis m’écrit un bref message pour me proposer d’aller crier devant un objectif. L’idée m’étonne, m’amuse, m’interroge. Que cherche ce photographe en voulant figer nos cris ? Moi, comédienne, qui n’ai de voix que pour mes personnages et d’impudeur que pour leur donner corps, que puis-je bien offrir sans leur précieux prétexte ? Je sens qu’il ne s’agit pas de jouer, et que bien au contraire, il faudra lâcher prise et livrer, se livrer, soi. Car un vrai cri ne se contrefait pas, il sort toujours du cœur, il prend racine dans nos entrailles. La grimace du cri est fascinante parce qu’elle est entière, puissante, libératrice. Elle est l’expression violente d’une vérité. Et je me demande si je suis capable d’offrir cette vérité, et comment je peux justifier, artistiquement et personnellement, un tel acte de mise à nu. Je suis mon métier. Il me définit, il est le sens que je donne à ma vie. Tout va très vite. Envie de crier, parce que, oui, ça fait mal d’être devenus « non essentiels ». Envie de crier, pour tous ces personnages, des rois de Shakespeare aux clochards de Beckett, qui errent sans vie dans les allées des théâtres. Envie de crier, pour leur rendre leur voix, pour renouer avec la beauté d’un mot, d’un geste, d’un regard, cette grâce qui vient panser notre douleur d’être, notre peur, notre vide. Crier aussi ce désir d’être ensemble, de mêler à nouveau nos rires et nos larmes pour questionner et réinventer le monde. Et puis crier cette rage d’être vivants, de ressentir, de vibrer, de toucher, nous qui sommes tous devenus pour autrui de potentiels porteurs de mort. Crier notre besoin d’être, besoin de l’autre, et celui d’être innocent. Alors voilà... instinctivement... le clown. Puisque nous, les bouffons philosophes, les arlequins, les amuseurs, avons perdu notre rôle au sein de la société. Le clown, parce qu’il rit, parce qu’il pleure, parce qu’il joue, parce qu’il appartient à l’enfance et à l’innocence... tout du moins s’il échappe à l’horreur. Christophe nous échauffe. Et c’est parti. Aujourd’hui, j’entends encore les cris résonner dans ma tête. Appel à l’aide, urgence, instinct de survie, lutte à vif, tant de choses intraduisibles jaillissent soudain. Je glisse ma main dans celle d’Alexis, comme pour mieux affronter la chute vertigineuse dans cette confession des âmes. Et Christophe accueille, humblement, silencieusement, cette déferlante émotionnelle jubilatoire. Plus tard, j’ai compris que son projet touchait à quelque chose d’immense. Car au-delà de la force saisissante de ses photos, au-delà du bouleversement majeur dont elles témoignent, Christophe a su créer un pont entre nos cris, un lien d’apaisement, d’humanité et de ressemblance. Nos cris solitaires sont devenus un chant, puissant, choral, multiple, et je sais que d’autres le rejoindront."
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